CHAPITRE XVI
RESUME EN FORME DE
DEMONSTRATION ET DE PREUVE | |||
PREUVES DES
ORIGINES DES DE THY De Thy, un des plus vieux noms de France ; l'arbre
généalogique de la famille remonte à un certain Simon de Thil vivant au 14ème
siècle. Pourtant, les de Thy descendraient, dit la tradition orale familiale,
de Jean seigneur de Thil et de Marigny connétable de Bourgogne habitant la
forteresse de Thil pendant la première moitié du 14ème siècle. Encore faut-il
le prouver. Comment faire la preuve ?
On
distingue les preuves fondées sur :
- la
déduction. Les preuves sont incontestables si
les hypothèses initiales (les prémisses) sont exactes. - l'induction qui
établit une hypothèse, une présomption étayée par des probabilités ou une
accumulation de faits concordants. Une telle preuve, qui peut être réfutée par
un seul contre-exemple, contient alors un certain degré d'incertitude. Pour faire la preuve par déduction
il faut que les prémisses du raisonnement soient incontestables et pour
convaincre le lecteur de l'évidence des conclusions d'un raisonnement il faut
qu'il ait, dans le domaine concerné, le même niveau de connaissance que
l'auteur du raisonnement. Dans notre cas il s'agit de déduire
ce qu'implique les règles de droit ou les coutumes en vigueur au 14ème siècle
appliquées à des événements de l'époque. REGLES DE DROIT ET COUTUMES AU XIVe SIECLE Je convie donc le lecteur à se
familiariser avec les quelques règles de fonctionnement de la
féodalité rappelées ci-dessous: I Foi et hommage La foi et hommage est un
devoir personnel dû par le vassal à chaque mutation de vassal ou de seigneur ;
en sorte que chaque vassal la doit au moins une fois en sa vie, quand il n'y
aurait point de mutation de seigneur, et le même vassal est obligé de la
réitérer à chaque mutation de seigneur. D'où on déduit: Règle n°1 - Chaque fois qu'il y a
foi et hommage il y a changement de vassal ou de suzerain. (La cérémonie se
termine par l'investiture qui attribue le fief) II Règle de succession pour les bâtards Les « Etablissements (recueil de coutumes) de Saint Louis » au XIIIe siècle, nous disent : ![]()
On en déduit deux autres règles: Règle n°2 - on ne peut hériter d'un bâtard que
si on est son fils légitime ; sinon l'héritage va au suzerain. Règle n°3 - un bâtard ne peut faire de legs de
biens immobiliers. Il faut que le lecteur accepte l'idée qu'au 14ème siècle on est dans un état de droit et que les trois règles ci-dessus sont incontournables et qu'elles sont à la base des preuves que l'on cherche à établir sur les origines des de Thy.
Cérémonie Foi, hommage & investiture 1)
L'hommage était
l'acte par lequel le vassal déclarait devenir l'homme de son suzerain. Pour
cela il devait se présenter devant celui-ci, se mettre à genou, placer ses
mains jointes dans les siennes ; dans cette posture, il prononçait une formule
qui exprimait son engagement ; le suzerain le relevait et l'embrassait. 2) La
foi était
l'acte par lequel le vassal donnait à son engagement une valeur religieuse.
Après s'être relevé, il posait sa main droite sur un Evangile ou sur des
reliques de saints, tandis qu'un prêtre récitait la formule du serment. La promesse prenait désormais un caractère
sacré : le Moyen Âge ne connaissait pas de pire déshonneur que de violer la
foi. 3)
L'investiture constituait
le dernier épisode de la cérémonie : c'était l'acte par lequel le suzerain
concédait le fief au vassal. S'il s'agissait par exemple, de champs, de
vignobles, de forêts, il mettait dans les mains du vassal un objet symbolique,
une motte de gazon, un rameau de vigne, une baguette de coudrier, figurant le
fief. Dans les premiers temps de la féodalité, le
suzerain emmenait alors son vassal sur le territoire concédé, et ce dernier
désignant d'un grand geste tout ce territoire, reconnaissait par là le tenir de
lui : c'était la montrée des terres.
![]() LA PREUVE QUE JEAN BÂTARD DE THIL EST LE PERE
DE SIMON Pour apporter la preuve que Simon est le fils de Jean bâtard de
Thil on dispose de cinq sources : Source n°1 :
L'inventaire de la partie du terrier de Thy emportée, sans doute par l'épouse
de Philibert, en 1792 avant que les révolutionnaires ne brûlent tous les
papiers du château de Thoiriat. Source n°2 :
L'Inventaire des titres de la maison de Milly par Oscar de Poli édité en 1888. Source n°3 : Un texte
de Peincédé enregistré aux archives de Dijon. https://archives.cotedor.fr/v2/ad21/visualiseur/ir_ead_visu_lien.html?ir=23305&id=480750469 Source n°5 : Les notes
de Chérin, issues de son entretien avec Philibert en 1784, archivées au Bureau
Général de la Noblesse de France. Cette dernière source est certainement
la plus crédible, abstraction faite de ce qui peut être identifié comme le
discours de Philibert lorsqu’il cherche manifestement à sortir le bâtard de sa
généalogie. Chérin a clairement eu accès à la Chambre des Comptes de Paris où
ont été transportés en 1524 les registres de la Chambre des comptes du
Bourbonnais et ceux du Beaujolais depuis 1400. On le sait parce que Philibert
(source 4) y a eu accès lui-même en 1778 ; en effet, il écrit : « L’extrait en due forme, levé à la chambre des Comptes de Paris le 14
novembre 1778, signé et collationné Peillon de la Garde, conseiller auditeur en
icelle, commissaire à ce député, sur les originaux étant aux archives, accordé
par arrêt sur requête du 12e du même mois à Philibert Joseph de Thy
(qualifié de chevalier), ancien officier de cavalerie, seigneur de
Thoirias : De trois aveux
et dénombrements de sa terre et seigneurie, prévôté et juridiction d’Avenas
[…] » Cherin a fait lui-même mener une enquête par
ses correspondants sur les registres de la Chambre des Comptes du Beaujolais à
Villefranche pour la période antérieure à 1400, mais Philibert l’ignore. De ces sources on a extrait les
textes suivants qui vont servir à fonder la preuve que Simon est le fils de
Jean bâtard de Thil : Texte n°1 : « 20
Août 1394, 22 janvier et 7 février 1400 Titres en parchemin
et en latin Le
Sire de Beaujeu ayant refusé de recevoir à sa foi et hommage Noble homme Simon
de Thy damoiseau pour la terre d’Avenas située dans le Mâconnais et ayant fait
saisir cette terre, le dit Simon de Thy obtint un arrêt de la cour du Parlement
de Paris le 20 Août 1394 et deux lettres royaux en vertu desquelles il força le
dit Sire de Beaujeu à recevoir son hommage et à lever sa saisie ». C'est le résumé en français de
trois parchemins qui ont été extraits du château de Thoiriat en 1792 avant que
des révolutionnaires mettent le feu au terrier des de Thy (source 1). Texte
n°2 : 1394, 20 août ; - « Lettres
royaux obtenues par Simon de Til, damoiseau, contre Edouard, sire de Beaujeu,
qui aurait fait saisir la terre d’Avenas, faute de foi et d’hommage par led. Sgr de Til. Original en parchemin. - Ordonnance
du juge de Beaujeu, du mois de mars 1400, pour faire exécuter lesd. lettres. »
(Berzé, Invent. Reg. XVIIIème s.) C’est l'item 675 de l’« L’inventaire des titres de la maison de
Milly » par Oscar de Poli (source 2) Texte n°3 : Texte n°4 « ...Celle-ci
est connue depuis « Noble Simon de Thil, Damoiseau, seigneur de la Douze
en Beaujolais, qui obtint le 20 août 1394 la reconnaissance de la terre
d’Avesne, aussi en Beaujolais, reçut en 1401, 1403, 1405 la reconnaissance de
divers tenanciers dans la même terre. Il la
possédait depuis le décès de Jean Bâtard de Thil, mort sans postérité légitime.
Celui-ci en avait été investi par Edouard, Sire de Beaujeu. Louis II, duc de
Bourbon, donataire de ce dernier, prétendit qu’elle lui appartenait, fit
assigner Simon de Thil à sa cour. On ignore quel fut l’événement du procès,
mais il est certain que la terre d’Avesne passa à ses descendants... » (Source n°5, texte extrait des notes de
Chérin. Ces notes sont prises
par Chérin en 1784 au moment où Philibert de Thy lui présente sa généalogie à
partir du Mémoire qu'il avait préparé, et laissé pour étude aux bureaux de
Chérin avant cet entretien. Il s’agissait de montrer que la noblesse de sa
famille était antérieure à 1400 ; c’était une des conditions à remplir
pour être admis à l'honneur de monter dans les carrosses du Roi. Dans son
dossier Philibert ne parle pas du bâtard de Thil et n'avait certainement pas
l'intention d'en parler. Chérin avait cependant fait copier sur le registre de
la Chambre des Compte de Villefranche les textes concernant les mutations
d’Avenas, précédant celle de 1400, évoquée par Philibert dans son Mémoire. Tout
naturellement Chérin, qui avait alors sous les yeux le retracé des mutations
concernait le fief d'Avenas et qui voyait que Philibert n'en parlait pas, a dû
lui poser une question du genre : « quel est votre lien de parenté
avec Jean bâtard de Thil qui était seigneur d’Avenas en 1390 ? ». Chérin a
noté soigneusement la réponse de Philibert que l’on peut lire ci-dessus. Les fils de Philibert
ont obtenu en 1820 une copie authentifiée des notes de Chérin, copie qui est
actuellement entre les mains d’Henri de Thy. (Source 4) Ce texte est cité aussi
(item 694) dans l'Inventaire de Poli qui a eu accès aux notes de Chérin
directement depuis son lieu d'archivage du moment en 1888. Texte n°5 « La grosse
originale du terrier en latin de la seigneurie d’Avenas au diocèse de Mâcon,
faite et signée par Dupas ou Depassus, notaire, en l’an 1403 et années
suivantes, au nom et profit de Simon de Til, ou en latin de Tillio, seigneur
dudit Avenas et qualifié de damoiseau. Dûment
scellé et cotée n°2 Note : A ce terrier de 1403,
volume 1, recto/verso, il se voit reconnaissance
passée par Guillaume de Vibil, de ses redevances envers ladite seigneurie
d’Avenas, par laquelle il déclare avoir acquis de Noble homme Jehan de Til ou
en latin de Tillio, quondam domicello et domino dicti loci d’Avenas, le mas de
la Fleur du Puy. Ce texte est extrait du dossier que Philibert
a présenté à Chérin et fait enregistrer en 1786 par la Chambre des Comptes de
Dijon, actuellement disponible aux archives de Dijon. (Source 5) La note est sans doute de la main de Philibert,
qui curieusement ne traduit pas l'intégralité du texte qui semble vouloir dire
ceci : ...Vibil, tenancier à Avenas, fait
reconnaissance de ses redevances envers la seigneurie d'Avenas et fait
également reconnaissance de l’acquisition [à titre onéreux] du mas de la Fleur
du Puy sur l’ancien jeune Maitre de Maison noble Jehan de Thil, actuellement seigneur
d'Avenas. En d'autres termes il semblerait que Jehan de
Thil ait emprunté de l'argent à Vibil, tenancier de terres à Avenas, en lui
constituant pour garantie une rente sur le Mas de la Fleur du Puy, rente qui,
en l’absence de remboursement, finit, avec les intérêts, par valoir le prix de
la terre en cause. Il s’agit donc d’une vente.
Il s'agit toujours de la succession du bâtard
de Thil où tous les biens de Noble Jean de Thil alias Jean bâtard de Thil,
damoiseau, sont passés au crible ; ainsi Vibil doit prouver qu'il est
entré en possession du mas de la fleur du Puy à la suite d'une vente et non
d'un legs d'un bien immeuble (règle n°3) ; ce qui aurait autorisé le
suzerain à confisquer le bien. Ce texte est particulièrement intéressant car contrairement
à la transcription qui en est faite dans l'Inventaire de Poli qui parle du Mas
de la Fleur, ici cette propriété est désignée « le Mas de la Fleur du
Puy » dont le Noble Jehan de Thil était « auparavant
domicello » littéralement « jeune maître de Maison ».
C'était donc la résidence de ce jeune noble. Cerise sur le gâteau, le nom
complet a permis de situer cette propriété sur la commune de Fareins à
proximité du Port de Beauregard dont le texte n°3 nous dit que Jean bâtard de
Thil était propriétaire de la moitié. Ceci conforte l'idée que Noble homme
Jehan de Thil et Jean bâtard de Thil ne sont qu'une seule et même personne.
Ceci montre aussi que ce jeune noble a été établi sur une terre du Beaujolais
d'Empire (sur la rive gauche de la Saône)
Les deux premiers textes sont des
résumés en français des mêmes parchemins réalisés par deux traducteurs
différents à des époques différentes. –
Le texte n°2 de Poli provient d'un résumé du contenu des
parchemins orignaux du terrier des de Thy dont Claude Louis [de Thy de Milly] a
fait faire une copie avant 1729. Claude-Louis a probablement fait traduire ces
documents à cette époque ; c'est en effet à partir de ces copies qu'il a
pu fabriquer sa nouvelle généalogie en intercalant, entre autres, un mariage de
Raymond de Milly qui devient le père de Guillaume, lequel était déjà le fils de
François selon les autres papiers du terrier. Le parchemin d’investiture d’Avenas au profit
du Bâtard de Thil existait en 1728. Il avait peut-être été remanié vers 1600
pour en supprimer le Bâtard de Thil, copié en l’état par Claude-Louis qui l’a
remanié à son goût. Ce parchemin a disparu en 1792, mais Oscar de Poli, qui
travaille sur la copie réalisée par Claude-Louis en fait mention. –
Le texte n°1 provient des quelques papiers rescapés du terrier des
de Thy. En mars1792 Marie-Claude de Villers-la-Faye doit quitter le château de
Thoiriat, où des scellés ont été mis sur ses meubles et ses revenus confisqués.
Elle est autorisée en octobre 1792 à récupérer ses vêtements et une partie de
ses meubles. Elle sera emprisonnée un an après, mais elle avait pu emporter un
paquet de documents que son mari lui avait signalés comme important et les
confier à l’une de ses sœurs. Il est probable que les parchemins que Philibert
avait extraits du terrier pour constituer le Mémoire destiné à Chérin avaient
été rangés avec le reste du terrier qui sera brûlé par les révolutionnaires. Ces parchemins rescapés ont été
traduits et résumés en français vers 1820 ; Antoine-Louis a conservé les
originaux et deux transcription en français, partagées avec son frère
Philippe-Louis ; Henri de Thy a actuellement en sa possession les
transcriptions en français ; les parchemins originaux, s'ils existent, sont
peut-être chez Robert de Thy. Ces deux textes obtenus par des
voies très différentes font référence à la même information ; ce qui
authentifie l'existence des parchemins d'origine. La transcription du texte n°2
(item 675 de Poli) « Edouard,
sire de Beaujeu, qui aurait fait saisir la terre d’Avenas, faute de foi et
d’hommage par led. Sgr de Til. » est un peu
elliptique et à la limite du faux sens ou du non-sens. Ce ne peut évidemment
pas être Simon qui refuse de prêter foi et hommage alors qu’il s’agit
d’une condition nécessaire pour
entrer en possession d'Avenas. On se référera donc au texte n°1 pour raisonner. L'information contenue dans le
texte n° 3 qui rend compte d'une transaction entre un Jean bâtard de Thil et
une Ancelère de la Douze semble incontestable. Dans le texte 4 Philibert, en
réponse à une question de Chérin, reconnaît que Simon de Thil a reçu Avenas
après le décès de Jean bâtard de Thil mais nie que Simon soit son fils. On n'a
pas de raison de contester cette existence d'un Jean bâtard de Thil à cette
époque. Dans le texte n°5 Philibert avoue
l'existence d'un Jehan de Thil seigneur d'Avenas ; on n'a pas de raison de
contester cette information. Les règles féodales n° 1,2 et 3 et
les textes 1, 3, 4 et 5 sont des prémisses incontestables du raisonnement
destiné à établir de façon incontournable que Jean bâtard de Thil est le père
de Simon. On dispose d'informations
suffisamment redondantes et fiables pour prouver de deux manières différentes
que le père de Simon est Jean bâtard de Thil. Démonstration n°1 Le texte n°4 nous dit via Philibert
qu'un Jean bâtard de Thil est propriétaire d'Avenas et que Simon « le possédait depuis le décès de Jean Bâtard de Thil, mort sans
postérité légitime. Celui-ci en avait été investi par Edouard, Sire de Beaujeu. » En dehors de la
précision « mort sans postérité légitime » les informations contenues
dans cette phrase sont incontestables ; en effet, on sait qu’Édouard II de
Beaujeu a été suzerain du Beaujolais de
1373, après la mort d'Antoine fils de Marie de Thil et d'Edouard 1er de
Beaujeu, jusqu'à sa mort le 2 août 1400. En 1373, si Jean bâtard de Thil était
déjà seigneur d'Avenas, il devait prêter foi et hommage au nouveau suzerain
Edouard II en remettant symboliquement son fief d'Avenas entre ses mains ;
Edouard II, après la prestation de foi et hommage, rend symboliquement le fief
en investissant son vassal, Jean bâtard de Thil sur Avenas, ce qui clôt la
cérémonie de prestation de foi et hommage. Note : La
propriété d'un fief n'a pas exactement le même sens que la propriété telle
qu'on l'entend aujourd'hui. Le vassal tient son droit d'usage sur le fief de
son suzerain ; celui-ci peut lui retirer ce droit s'il ne respecte pas les
devoirs liés à ce fief. On ne peut déduire directement de
ce texte n°4 et de la règle n°2 (on
ne peut hériter d'un bâtard que si on est son fils légitime sinon l'héritage va
au suzerain) que Simon est le fils de Jean bâtard de Thil car Philibert
nous dit qu'il est mort sans postérité légitime et que Simon a reçu Avenas par d'autres voies. La seule
voie qui paraît possible, selon le droit de l'époque, serait que Louis II, duc
de Bourbon, lui ait donné ce fief ; ce qui parait bien improbable. Croyons cependant provisoirement
cette version. On a vu que le texte n°1 est
incontestable, rappelons-le ici : Texte n°1 :« 20 Août 1394, 22 janvier et 7 février 1400 Titres en parchemin et en latin Le
Sire de Beaujeu ayant refusé de recevoir à sa foi et hommage Noble homme Simon
de Thy damoiseau pour la terre d’Avenas située dans le Mâconnais et ayant fait
saisir cette terre, le dit Simon de Thy obtint un arrêt de la cour du Parlement
de Paris le 20 Août 1394 et deux lettres royaux en vertu desquelles il força le
dit Sire de Beaujeu à recevoir son hommage et à lever sa saisie ». Ce
texte nous dit qu'il y a foi et hommage ; la règle n°1 nous dit qu'il y a
changement de vassal ou de suzerain ; on sait que ce n'est pas un
changement de suzerain, Edouard II est sire de Beaujeu de 1373 au 2 août
1400 ; c'est donc Simon qui prétend avoir des droits sur la terre d'Avenas
et, de ce fait, celui de devenir le nouveau vassal. On sait (texte n°4) qu'avant Simon
Avenas appartenait à Jean bâtard de Thil, la règle n°2 s'applique ;
Edouard II a le droit de confisquer le fief tant que Simon n'a pas prouvé qu'il
est le fils légitime du bâtard. Le texte n°1 nous dit que Simon a
obtenu gain de cause en justice et qu'Edouard II doit accepter de recevoir la
foi et hommage de Simon donc de l'investir comme seigneur d'Avenas. L'application de la règle n°2 nous
dit que si Simon a gagné, c’est donc qu'il est fils légitime du bâtard. Conclusion ; le père
de Simon est Jean bâtard de Thil et Philibert a menti quand il a dit que le
bâtard est mort sans postérité légitime.
Le texte n°1 nous dit qu'Edouard II
a refusé de recevoir à sa foi et hommage Noble homme Simon et qu'il a confisqué
Avenas ; il a parfaitement le droit d'agir ainsi dans le cadre d'un
héritage si le défunt est un bâtard Foi et hommage signifie changement
de suzerain ou de vassal (règle n°1). Edouard II est suzerain du Beaujolais
depuis la mort d'Antoine, fils de Marie de Thil, en 1373 ; c'est donc d'un
changement de vassal qu'il s'agit. Ce texte nous dit aussi que Simon a
fait une action en justice dont la conclusion (Lettres Royaux) lui donne raison
et force Edouard II à recevoir l'hommage de Simon ; ce qui signifie que
Simon peut prendre possession d'Avenas. Le fait que Simon ait gagné
signifie qu'il a pu apporter la preuve qu'il est le fils légitime d’un bâtard
seigneur d'Avenas (règle n°2). On peut en conclure aussi que ce bâtard
s'appelle de Thil comme son fils. Le texte n°3 nous indique qu'un
Jean bâtard de Thil cède, dans le cadre d'un héritage, une rente à une Ancelère
de la Douze, fille de Guillaume de la Douze. On sait par ailleurs que Simon est
seigneur de la Douze ; comme cette seigneurie n'a pas été confisquée par
Edouard II, elle lui vient forcément de sa mère. Cette seigneurie appartenant à
Guillaume de la Douze, à la mort de celui-ci, la sœur d'Ancelère a dû recevoir
le château et verser une compensation pour la part de La Douze revenant à
Ancelère. Comme on sait que Simon est le fils légitime du bâtard de Thil, ce
dernier était forcément marié en juste noce à la sœur d'Ancelère. Conclusion : le père
de Simon s'appelle Jean bâtard de Thil, seigneur d'Avenas. On pourrait cependant objecter que
le procès de Simon aurait pu survenir dans un conflit entre un seigneur
d'Avenas et Simon à propos de la vente d'Avenas à Simon. On sait cependant que
ce n'est pas le cas grâce à Philibert qui, en répondant à une question directe
de Chérin (texte n°4), confirme l'existence d'un Jean bâtard de Thil
seigneur d'Avenas : « Il la possédait depuis le décès de Jean
Bâtard de Thil » Le mensonge
de Philibert : la suite de ce texte n°4 « ..., mort sans postérité légitime... » est en contradiction avec la conclusion
incontournable que si le propriétaire d’Avenas avant Simon est un bâtard, Simon
est son fils. Donc Philibert ment il est manifestement
décontenancé et bafouille une réponse laissant entendre que c'est à la suite
d'un procès, dont on ne sait rien, contre Louis II de Bourbon, qu'Avenas serait
finalement allé à la descendance de Simon. Réponse pour le moins curieuse quand
les notes de Chérin écrites à partir des réponses de Philibert et du Mémoire
qu'il a préparé pour Chérin (Texte n°4) montre qu'il a reçu la reconnaissance
de ses tenanciers [d'Avenas] dès 1401 ce qui signifie qu'il était déjà
seigneur d'Avenas à cette date; s'il y a eu procès il a dû être rapide car
Edouard II est mort le 2 août 1400. La réalité
c’est que, le Beaujolais ayant changé de suzerain le 2 août 1400, tous les
vassaux de la baronnie avaient l'obligation de prêter foi et hommage à leur
nouveau suzerain. Ce sont les vassaux qui se déplacent chez le suzerain ;
Louis II a donc probablement convoqué ses vassaux à sa cour, par petits
groupes, pour une cérémonie collective (c'était souvent le cas) ; Simon a
dû s'y rendre avec ses Lettres Royaux et prêter foi et hommage au duc de
Bourbon. Au retour il a dû se précipiter chez ses tenanciers pour se faire
reconnaître comme le nouveau seigneur d'Avenas et encaisser ses revenus qui lui
faisaient cruellement défaut depuis sept ans.
Philibert
s'est enfoncé dans un mensonge sans doute parce que, comme tous les de Thy depuis
1600 il est traumatisé par les ordonnances d'Henri IV qui stipulent qu'un
bâtard de noble n'est pas noble. La loi n'a manifestement pas été appliquée de
façon rétroactive puisque les de Thy ont été maintenus dans leur noblesse par
deux jugements en 1667 et en 1698. Les de Thy pouvaient peut-être craindre
qu'une nouvelle loi vienne finalement leur faire perdre leur statut. Le fait
que le mot « bâtard » soit une insulte a aussi pu participer au choix
de Philibert de cacher à tout prix cette « tache de naissance » ;
chez les nobles du Moyen Age les bâtards de grands seigneurs avaient un statut
et ne ressentaient aucune honte à être désignés par ce qualificatif. Le discours
de Philibert a eu une conséquence car lorsque son fils, Antoine-Louis, a voulu,
en 1820, plaider sa cause auprès du Bureau Général de la Noblesse Française
pour faire reconnaître qu'il descendait de Jean seigneur de Thil et Marigny,
connétable de Bourgogne, on lui a ri au nez en lui montrant les notes de Chérin
dont Antoine-Louis a conservé une copie authentifiée qui est arrivée jusqu'à
nous. La démarche d'Antoine-Louis montre à quel point les de Thy
s'enorgueillissaient de descendre du connétable. Cette
tradition orale, qui s'est transmise jusqu'à nous, est-elle vraie ? C'est
ce qu'il faut maintenant démontrer. Mais avant il faut examiner une autre
contrevérité propagée par Claude-Louis, frère d'Alexandre et oncle de
Philibert. Les
falsifications de Claude-Louis Ce
traumatisme des de Thy explique sans doute pourquoi Claude-Louis (oncle de Philibert)
a cherché à usurper une généalogie Milly en fabriquant des fausses preuves,
faciles à identifier dans l'inventaire de Poli tellement elles apparaissent
ridicules. Cette usurpation a conduit son fils Nicolas-Christiern à faire toute
sa carrière, de bonne foi, en tant que Comte de Milly ; il n'a découvert
qu'il avait usurpé son titre que quand Chérin lui a dit qu'il pouvait monter
dans les carrosses du Roi sous le nom de de Thy de Milly mais pas comme comte
de Milly ; peu de temps après il a fait son testament et il meurt à 54 ans
en pleine forme. A l'époque,
usurper un titre de noblesse, c'était aussi grave que d'usurper un titre
universitaire aujourd'hui. On peut dire que les falsifications de Claude-Louis
qui se sont retrouvées dans l’« Inventaire
des titres de la Maison de Milly » ont semé le troubles chez les de
Thy après la Révolution. En effet,
ayant perdu presque tous les papiers de famille, ils se sont raccrochés à la
version de l'Inventaire qui était
plutôt flatteuse ; ils n'ont pas cherché à comprendre ; pourtant, une
simple lecture attentive avec un papier et un crayon aurait suffi. Gabriel de
Thy de Milly, qui se faisait manifestement appeler, on peut supposer de bonne
foi, Comte de Milly, a demandé à Poli de faire l'Inventaire des papiers dont il
avait hérité ; à la sortie du livre de Poli en 1888 il l'a lu et ... il
est mort (il avait alors 47 ans). Décidément l'usurpation de titre (même après
la révolution) a un effet désastreux sur la longévité. C'est sans doute une
coïncidence ! Maintenant
qu'on a la certitude que Jean bâtard de Thil damoiseau, jeune Maître de Maison
au Mas de la Fleur du Puy et seigneur d’Avenas, est bien le père de Simon de
Thil, il s'agit de trouver les parents de ce bâtard. LA PREUVE QUE JEAN BÂTARD DE THIL EST LE FILS DE JEAN SEIGNEUR DE
THIL ET DE MARIGNY Parfois, la
preuve de filiation tient à la multiplication des coïncidences dont la
probabilité de chacune est faible, pas suffisamment probante individuellement
pour avoir une certitude mais qui collectivement ont une probabilité
suffisamment faible pour avoir valeur de preuve. C'est ainsi qu'on procède pour
prouver une filiation par analyse ADN. Dans notre
cas nous n'avons pas d'ADN mais nous avons des indices qui ont une très faible
chance d’apparaître dans une population choisie au hasard. Profilage
des parents du bâtard : on sait que Jean bâtard de Thil Damoiseau est
noble, c'est donc un bâtard avoué qui porte le nom de son père. On sait qu'il a
été élevé noblement dans le Beaujolais et qu'il y a été établi. On en
conclu que son père s'appelle de Thil, qu'il est probablement de haute noblesse
et qu’il n'était pas libre au moment de la conception puisque son fils est
bâtard. On sait par
ailleurs d'après les auteurs qui ont écrit sur les familles nobles du
Beaujolais qu'il n'y avait aucun de Thil installé en Beaujolais avant le
bâtard ; ceci implique que le père n'était pas du Beaujolais. Sa mère est
très certainement une grande Dame de la noblesse suffisamment influente dans le
Beaujolais pour y établir son fils ; elle était certainement veuve au
moment de la conception car la règle de droit aurait attribué l'enfant au mari
de la Dame. La durée de
vie moyenne d'un homme ayant dépassé la petite enfance devait être de l'ordre
de 60 ans à 5 ans près. L'action en
justice de Simon n'a pas forcément été très longue ; il avait juste à
produire un certificat de baptême et peut-être le certificat de mariage de ses
parents pour justifier qu'il était le fils légitime du bâtard de Thil ; il
ne s'agissait pas d'un véritable procès nécessairement plus long. On peut donc
situer la mort du bâtard autour de 1393 ; ce qui impliquerait une
naissance en 1333 à cinq ans près. Il faut
donc chercher une circonstance ayant favorisé une rencontre entre les parents
du bâtard. Il se
trouve qu'en 1332 Jean seigneur de Thil et de Marigny (futur connétable de
Bourgogne) a accompagné sa fille, Marie de Thil, en Beaujolais pour la marier à
Édouard 1er sire de Beaujeu, fils de Guichard de Beaujeu dit le Grand et de sa
seconde épouse ; le marié était conduit à l'autel par sa belle-mère,
Jeanne de Chateauvillain, veuve de Guichard mort en 1331. Elle a 27 ans et est
mère de cinq enfants issus de son mariage avec Guichard. Il semble qu'on a les
candidats répondant au profilage des parents de Jean bâtard de Thil. Sachant que
le prénom est un identifiant important des familles, Jean seigneur de Thil et
Marigny âgé de 35 ans marié à Agnès de Frolois avec qui il n'a eu qu'un seul
enfant, Marie née 12 ans plus tôt, est très certainement le père du
bâtard ; il a en quelque sorte signé son œuvre en donnant à son premier
fils non seulement son nom mais aussi son prénom. Jeanne de
Chateauvillain a sans doute voulu aussi signer son œuvre en donnant le prénom
Simon, marqueur important chez les Chateauvillain, à son petit-fils (fils du
bâtard). On notera
aussi que les armes qu'a choisies le bâtard sont d'argent à trois lions de
gueules et que celle du connétable sont d'or à trois lion de gueules. Le changement
d’émaux de l'or en argent pouvait signifier la brisure liée à la bâtardise. Il semble
que compte tenu du nombre de coïncidences entre le profilage des parents et les
candidats proposés il n'y a pas une chance sur un milliard de se tromper. Bien d'autres
indices relient le bâtard à Jeanne de Chateauvillain, veuve Beaujeu. Ainsi, il
paraît impossible qu'il ait pu acquérir un fief appartenant aux Beaujeu sans le
soutien de sa mère. Il a en effet acquis la moitié du péage du port de
Beauregard, qui est un fief, ce qui confirmait la noblesse du bâtard ; or
ce péage appartenait aux Beaujeu, un simple bâtard sorti de nulle part n'aurait
pas pu l'acquérir. On sait
aussi par une chronique de Vic-sous-Thil, village situé en Auxois à proximité
de la résidence du connétable, que le bâtard et Guillaume de Beaujeu, fils de
Jeanne de Chateauvillain, se connaissaient très bien ; ce qui est, somme
toute normal pour des demi-frères. Le bâtard a aussi acheté ou fait construire
un mas juste à côté du port de Beauregard ; il est repérable puisqu'il a
voulu marquer sa noblesse sur une propriété non noble en se faisant construire
un pigeonnier, privilège de la noblesse. Ce pigeonnier lui permettait sans
doute de rester en contact avec sa mère qui résidait à 10 kilomètre de là au
château de Montmelas. Il est à noter qu'à cinq kilomètre du Mas de la Fleur du
Puy - c'est le nom qu'il a donné à sa résidence – il y avait le château de
Pouilly-le Châtel, la résidence des sires de Beaujeu, où résidait donc sa
demi-sœur, Marie de Thil. Jean bâtard
de Thil habitait donc à moins d'une heure de cheval au petit trot de sa sœur et
de sa mère ; il faisait vraiment partie du clan Beaujeu. La fleur de
lis sur les armoiries des de Thy Le bâtard
n'avait pas d'autre choix que d'accompagner, comme écuyer, ses suzerains à la
guerre. On ne trouve qu'une seule circonstance où il aurait pu être autorisé à
ajouter une fleur de lis à ses armoiries ; c'est à la bataille de Poitiers
en 1356 ; il avait 23 ans, il était tout à fait en âge d'accompagner son frère
aîné Guichard de Beaujeu (frère jumeau de Guillaume). A la fin de
cette bataille il ne restait plus grand monde autour du Roi Jean le Bon, il y
avait Guichard et quelques autres grands seigneurs qui se battaient jusqu'à la
mort pour protéger le Roi. C'est ainsi que Guichard, assisté de ses écuyers a
perdu la vie. Le Roi Jean le Bon aura
remarqué parmi les écuyers le bâtard de Thil se battant comme un lion et l'aura
récompensé en l'autorisant à ajouter une fleur de lis bleue à ses armoiries.
Cette fleur de lis apparaît donc comme un indice supplémentaire de la proximité
du bâtard avec les Beaujeu. On peut
supposer qu'il y avait un autre frère de Guichard de Beaujeu (sans doute
Jacques) présent à la bataille de Poitiers car la tradition familiale a véhiculée
une histoire laissant entendre que cette fleur de lis a été accordée par St
Louis à la bataille de Mansourah où trois frères de Thil, étaient présents et
se seraient illustrés. On sait que cette histoire est fausse car les armes du
connétable ne comportent pas de fleur de lis. Cette histoire a peut-être été
inventée par Claude-Louis de Thy de Milly qui voulait fabriquer une généalogie
lui permettant de compter le connétable parmi ses ancêtres sans passer par le
bâtard. Pour expliquer la fleur de lis dans les armes des de Thil il a donc
probablement inventé une histoire à partir de l'histoire authentique qui, elle,
incluait le bâtard. On peut
enfin parler de cette tradition orale des de Thy qui s'est transmise, de
générations en générations jusqu'à nos jours : « les de Thy
descendent du connétable de Bourgogne. » Cette
affirmation toute seule n'est évidemment pas crédible mais quand elle s'ajoute
à tous les indices énumérés précédemment elle devient un indice supplémentaire. Conclusion :
les parents de Jean bâtard de Thil sont Jean seigneur de Thil et de Marigny
connétable de Bourgogne et Jeanne de Chateauvillain veuve de Guichard de
Beaujeu.
LA PREUVE QUE LA SECONDE EPOUSE DU CONNETABLE N'EST PAS LA JEANNE
DE CHATEAUVILLAIN RETENUE PAR LES HISTORIENS Officiellement
Jean seigneur de Thil et de Marigny se serait remarié en 1345 avec Jeanne de
Chateauvillain en Champagne dont il aurait eu un fils héritier, Jean de Thil,
né en 1345. La découverte que Jean seigneur de Thil a eu une descendance avec
une autre Jeanne de Chateauvillain interpelle et nous incite à creuser la
question de savoir qui est la seconde épouse de Jean seigneur de Thil et de
Marigny. Cette
Jeanne n'était pas née en 1332 car on sait que sa mère n'avait pas encore
enfanté à cette date. Elle n'est donc certainement pas la mère du bâtard de
Thil. Il n'est évidemment pas totalement exclu que 12 ans plus tard le
connétable ait pu faire un enfant avec cette jeune fille âgée de 12 ans au
maximum. Les
historiens s'appuient sur deux preuves pour affirmer que cette Jeanne est la
seconde épouse de Jean seigneur de Thil et de Marigny : 1° Le
testament de Marie, sœur de Jeanne, dont la rédaction a sans doute laissé
perplexe bien des historiens ; ce texte en latin par lequel elle teste en
faveur de sa sœur Jeanne et après elle de Johannis de Thillo, déshéritant ainsi
l’enfant dont elle est enceinte, sent le faux à plein nez. 2° La
prestation de foi et hommage de la jeune Jeanne à l'évêque de Troyes pour sa
terre de Marigny successivement en 1362 et en 1370. En 1362 Jeanne ne précise
pas si elle possède Marigny en usufruit ou en douaire ; en 1370 elle
précise qu'elle possède Marigny en douaire et que le nu-propriétaire est un
certain Jean de Thil. Ces deux
éléments accréditent l'idée que cette jeune Jeanne est la mère d'un certain
Jean de Thil et qu'elle a donc été mariée à un Jean, seigneur de Thil. La foi
et hommage de 1370 au nouvel évêque accrédite l'idée qu'elle détient en douaire
Marigny et qu'elle aurait donc reçu cette terre du vivant de Jean seigneur de
Thil et de Marigny mort en 1355. Ceci signifierait qu'en 1362 sa foi et hommage
était motivée par un changement de suzerain ; or on sait que le suzerain,
l'évêque de Troyes, est entré en fonction en 1354 et est mort en 1368 ; la
foi et hommage sept ans après la mort du connétable ne pouvait avoir été
motivée par la prise de possession d'un douaire donné par le mari du vivant de
celui-ci. La jeune Jeanne est donc entrée en possession de Marigny en 1362 et
n'est certainement pas la veuve douairière de Jean de Thil et de Marigny
connétable de Bourgogne. Jeanne de
Chateauvillain en Champagne a menti en 1370 ; il s'agit donc de comprendre
pourquoi mais c'est une autre histoire qui concerne également Jean bâtard de
Thil et sa mère Jeanne de Chateauvillain veuve de Guichard de Beaujeu (cousine
au septième degré de la jeune Jeanne en Champagne); ceci fait l'objet de la
seconde partie de cet ouvrage. Revenons à
la famille de Thy dont on peut maintenant compléter la généalogie, représentée
ci-après, qui tient compte du fait que si la jeune Jeanne de Chateauvillain en
Champagne n'est pas la seconde épouse du connétable il apparaît plus que
probable que sa relation avec la veuve Beaujeu n'était pas une simple passade
et qu'il se sera marié avec elle en 1345.
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