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ANNEXES

Pour ceux qui veulent en savoir plus      PREUVES,  annexes I à IV.

 

Annexe I : Le port de Beauregard, possession des Beaujeu au XIVe siècle.

  Peincédé[1] nous donne donc connaissance d’un terrier, document rassemblant les titres de propriété, centré sur la châtellenie de Bagé, en Bresse, qui appartient au comte de Savoie. Cependant le péage du port de Beauregard qui est cité dans ce document ne se trouve pas en Bresse, mais dans la Dombes qui appartient depuis 1218 aux sires de Beaujeu sous le nom de “ Beaujolais d’Empire “.

Beauregard est donc situé en face de Villefranche, sur la rive gauche de la Saône à une quarantaine de kilomètres de Bagé. Or le ressort territorial de la châtellenie de Bagé est limité aux possessions du comte de Savoie et ne s’étend pas jusqu’à Beauregard puisque celui-ci relève du Beaujolais. Il faut une recherche historique un peu laborieuse pour comprendre la raison de cette anomalie. (C.f. encadré).



La Dombes

Au XIIIe siècle, les sires de Bagé sont seigneurs de la Bresse et d’une partie de la Dombes. En 1218, Humbert V de Beaujeu épouse la fille du sire de Bagé qui lui apporte en dot la Dombes, (sans la partie sud qui appartient au sire de Thoire et Villars). Les Beaujeu deviennent seigneurs de la portion de la Dombes qui jouxte leur territoire au-delà de la Saône et qu’ils nomment le « Beaujolais d’Empire », portion qu’ils agrandiront par la suite. Il s’agit en effet d’une « terre d’Empire » relevant du Saint Empire Romain à qui ils doivent, en principe faire hommage, mais celui-ci est loin et l'hommage sera oublié.

Par héritage ou échanges, les Beaujeu vont acquérir quelques châteaux en Bresse et dans la Dombes pour lesquels les sires de Beaujeu s’engagent en 1337 à prêter hommage au comte de Savoie.

Beauregard se trouve dans la partie de Dombes qui appartient depuis 1218 aux sires de Beaujeu sans qu’ils en doivent hommage au comte de Savoie.

D’obscures querelles sur l'hommage que le sire de Beaujeu doit au comte de Savoie pour ces quelques châteaux acquis avant 1337, aboutissent à une guerre entre Amédée VI et Edouard II de Beaujeu de 1376 à 1382. Le fils du comte de Savoie, qui sera Amédée VII, est victorieux et occupe plusieurs places-forte de Dombes, dont Beauregard. Sous l’égide du roi de France, inquiet de voir les routiers du comte de Savoie se répandre en Beaujolais français, un accord a lieu entre les belligérants. Edouard II de Beaujeu récupère toutes les places qu’il avait perdues lors de cette guerre, contre un hommage nominal au comte de Savoie pour toutes les possessions des Beaujeu en Bresse et Dombes conquises par Amédée VII. Il est cependant prévu dans cet accord que Beauregard restera aux mains du comte de Savoie, qui en gardera la jouissance, sa vie durant[1], avant de revenir à Edouard II de Beaujeu. Amédée VII gardera donc Beauregard jusqu'à sa mort qui interviendra en 1391. 

Bagé est l’ancienne capitale de la Bresse et cette châtellenie reste un centre administratif et fiscal important de la Savoie. Le plus probable est que ce sont les agents de cette châtellenie savoyarde la plus proche de Beauregard qui en ont eu la gestion. 

En ce qui concerne le reste du Beaujolais d'Empire, l'hommage dû à l'empereur du Saint Empire Romain reste un principe vide. La Dombes ou Beaujolais d’Empire, passée avec le Beaujolais du Royaume aux mains du duc de Bourbon en 1400, deviendra une « principauté » avec son parlement au XVIe siècle et sera officiellement rattachée au royaume de France en 1762.



Le péage du port de Beauregard est un « fief en l’air » qui ne repose pas sur une base territoriale. C’est le comte de Savoie qui se trouve redevable des 20 francs de rente dus à Ancellère ou à ses descendants. L’histoire ne dit pas combien de temps cette rente a été versée, puisque Beauregard et ses revenus sont retournés à Edouard de Beaujeu après la mort du comte de Savoie, Amédée VII. Mais le terrier de la châtellenie de Bagé a gardé, en 1403, la trace de cette opération.


  [1]"Recueil" de Peincédé, numérisé par les Archives de Côte d'Or. . (Peincédé, T.20, p. 216),  p.222 sur le site des Archives Départementales de la Côte d’Or. www.archives.cotedor.fr/jahia/...fr/.../3792


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