Histoire de la famille de Thy et du château de Lacour

(Transcription du  manuscrit d'Emmanuelle de Thy)

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Table des matières



Chapitre 3

La famille de La Baume

    

Toujours dans "Le Morvand", se trouve l'indication suivante : "Alix de Luyrieux, fille de Humbert, seigneur de Cueille, de Savigny en Revermont et de Jeanne de Sassenage, la porta, le 2 mars 1424 à Pierre de La Baume, chevalier, sire d'Hilan, du Mont-Saint-Sorlin…[…]."[8]

Nous avons dit comment cette terre de Lacour est sans doute passée de Jean de Sainte-Croix, seigneur de Savigny-en-Revermont en 1367, à Catherine de Couzan en 1406, puis à Humbert de Luyrieux, fils de Jeanne d’Antigny, dame de Savigny-en-Revermont. 

La famille de Luyrieux, tout comme celle de Sainte Croix est originaire de Bresse et du Bugey. C'est aussi le cas de la famille de La Baume[9]. Au cours de la Guerre de Cent Ans, elle va servir le duc de Savoie, puis le roi de France et enfin le duc de Bourgogne.

La famille de La Baume

Au XIVème siècle, un Etienne de La Baume, dit le Galois de Montrevel, est au service d' Aimé IV, comte de Savoie, puis du roi de France, Philippe de Valois qui le fait Grand Maître des Arbalétriers de France en 1338. Il devient gouverneur de Cambrai, qu'il défend contre Edouard III, roi d'Angleterre en 1339. le roi de France le fait Lieutenant Général de ses armées et Aimé V, comte de Savoie, lui donne aussi la même charge en 1350. Il meurt vers 1362. Son fils, Guillaume, est élevé en France où il est nommé conseiller et Chambellan du roi Philippe de Valois en 1345. Il est ensuite tuteur du d'Aimé VI, comte de Savoie, surnommé "le Verd" et meurt en 1362, avant son père, d'une blessure reçue au siège de Carignan. De son second mariage en 1357, naît Jean de La Baume. Ce dernier sert la reine Jeanne de Naples en 1383, puis Amédée VIII, premier duc de Savoie, qui le fait Lieutenant Général de Bresse en 1409.

 En 1410, Jean de La Baume entre au service du roi de France, Charles VI dont il devient conseiller et Chambellan. Le traité de Troyes en 1420  prévoit que le jeune roi d'Angleterre, Henry V, deviendra roi de France au décès du vieux Charles VI. Mais le roi  d'Angleterre est mort en juillet 1422, deux mois avant Charles VI, laissant un fils en bas âge. Le fils de Charles VI se proclame Charles VII, roi de France. Il réside à Poitiers ou à Beaugency puisque tout le pays au nord de la Loire est tenu par les Anglais et les Bourguignons. Ces derniers sont alliés des Anglais depuis 1416 et surtout depuis l'assassinat de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne par les Armagnacs en 1419.

 Le duc de Bedford, frère du roi Henry V, exerce la régence anglaise en France au nom du jeune Henry VI. Les Anglais seront maîtres de la France du nord pendant treize ans. C'est dans ce contexte que Jean de La Baume est nommé maréchal de France. "A la prière d'Henry V, roi d'Angleterre, Jean de La Baume  devient Maréchal de France en 1421. Les Anglais, voulant tâcher de se l'acquérir, lui font donner le gouvernement de Paris[10]."

Jean de La Baume, qui meurt en 1435, est donc au service des Anglais et des Bourguignons, bien que son fils bâtard se soit fait tuer dans l'armée de Charles VII à la bataille de Cravant en 1423. Pierre de La Baume, qui épouse Alix de Luyrieux en 1424 et devient ainsi seigneur de Lacour est le troisième fils du Maréchal de France. Pierre servira le duc de Bourgogne et sera chevalier de la Toison d'Or. Il faut savoir que le duc de Bourgogne, à partir de 1435, abandonnera l'alliance anglaise pour se rallier à Charles VII. Le fils de Pierre, Guy de La Baume sera également chevalier de la Toison d'Or et chevalier d'honneur de la duchesse douairière de Savoie. Il garde Lacour qu'il transmet à sa mort en 1516 à son fils, Marc de La Baume. 

  Dans l'histoire de Lacour, d'après l'abbé Baudiau, on lit : « [...] Pierre de La Baume [...] fit refaire le terrier en 1445 et mourut peu de temps après. Sa veuve lui survécut de trente ans. À sa mort, en 1475, son fils Guy reprit le fief pour la baronnie de Lacour qu'il laissa à son tour à Marc de La Baume issu de son union avec Jeanne de Mouy, comtesse de Chateauvillain, dame de Selongey et se dit dès lors comte de Montrevel, baron de Lacour, de Thil-en-Auxois, de Grancey, de Milly. Il laissa plusieurs enfants : Joachim qui affranchit en 1539 Guy Sallier, doyen de la collégiale de Saulieu, et François, son frère ; Pierre qui reprit le fief deux ans après ; Anne, mariée le 10 septembre 1526 à noble et puissant Pierre d'Aumont, baron de Couches et de Montaigu, sire de Nolay, de Nanton, de Mussy La Fosse ; N. qui épousa Jean de Hautenay ».

Il s’agit ici d’un beau salmigondis qui ne correspond que partiellement aux renseignements maintenant accessibles.

Cette propriété de Lacour qu'Alix de Luyreux a apportée dans la famille de La Baume, va suivre, à partir de 1424 le destin de cette dernière. Guy de La Baume, fils de Pierre, a épousé  Jeanne de Longwy-sur-le-Doubs. Leur fils est Marc de La Baume qui, marié une première fois en 1488, épouse en secondes noces, en 1508, Anne de Châteauvillain, une veuve que la mort de son frère a fait riche héritière.

 Les seigneuries de Thil, Châteauvillain et Grancey

 

Jean de Thil, connétable de Bourgogne, 1300-1355

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Jean de Thil-Châteauvillaun, 1345-1403, épouse en 1372 Jeanne de Grancey

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Bernard de Châteauvillain 1380-1452, épouse Jeanne de Vie

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Jean de Châteauvillain, 1420-1497, épouse Louise Rollin

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Jean de Châteauvillain, 1450-1504, épouse Marie d'Estouteville, d'où

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1)Jacques de Châteauvillain, 1470-1507, s. d.

 

2) Anne de Châteauvillain, dame de Thil, Châteauvillain et Grancey, épouse en secondes noces en 1508 Marc de La Baume

 
Lorsque Jacques de Châteauvillain disparaît sans descendance légitime en 1507, Anne de Châteauvillain devient dame de Thil, Châteauvillain et Grancey. Marc de La Baume sera donc seigneur de ces terres après son mariage, gardant Lacour qui fait partie de sa fortune personnelle.

De ce mariage de 1508 entre Marc de La Baume et Anne de Châteauvillain, dame de Thil, Grancey et Châteauvillain, sont issus trois enfants, Anne, Catherine et Joachim.

Joachim, le seul fils, épousera Jeanne de Moy et héritera de Grancey et de Châteauvillain ; il aura un seul enfant, Antoinette qui épousera Jean  d'Annebaut et mourra sans descendance. Le fils de Catherine de La Baume, Jean d'Avaucour, sera seigneur de Thil à la fin du XVIème siècle mais il meurt également sans descendance. C'est sans doute une de ses sœurs qui hérite de Thil, soeur dont un descendant vendra cette terre au XVIIème siècle. Les autres neveux de Joachim se diront seigneurs de Grancey ou de Châteauvillain après le décès de leur cousine Antoinette. 

 Jeanne de Mouy, comtesse de Chateauvillain, dame de Selongey  est donc la femme de Joachim, comte de Grancey et de Châteauvillain vers 1530, fils de Marc de La Baume et d'Anne de Châteauvillain. Cependant Joachim de La Baume, qui a reçu Châteauvillain et Grancey, n'a pas reçu Lacour.

Généalogie de la famille de La Baume  

Jean de La Baume, comte de Montrevel, maréchal de France, meurt en 1435

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Pierre de La Baume, écuyer tranchant du duc de Bourgogne, épouse en 1424 Alix de Luyrieux

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Guy de La Baume, épouse Jeanne de Longwy, meurt en 1516.

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Marc de La Baume, comte de Montrevel, épouse en secondes noces Anne de Châteauvillain en 1508. D'où

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          1)Joachim de La Baume, comte de Châteauvillain, épouse Jeanne de Moy, d'où une fille unique :

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           Antoinette de La Baume, épouse Jean d'Annebaut, sans descendance, meurt en 1572

         

          2) Anne, épouse 1) Pierre d'Aumont en 1526, s.d.,  2) Jean de Hautemer en 1536, d'où trois filles et un fils.

 

          3) Catherine de La Baume, épouse Jacques d'Avaugour, d'où un fils et trois filles.  

 

Lacour en effet a été donné en dot à Anne de La Baume, la sœur de Joachim.

On a vu qu'au milieu de la Guerre de cent ans, vers 1370, la maison-forte de Lacour, qui devait constituer un repaire de routiers, a sans doute été démantelée, mais que son propriétaire légitime s'est apparemment fait construire une autre résidence qui n'avait pas de vocation militaire. Lacour était devenu une terre de rapport, appelée à faire partie de la dot d’une fille.

A noter que ni Anne de Châteauvillain, ni Marc de La Baume n’ont jamais été seigneur ou dame d’un Milly, qui arrive là de manière fantaisiste. 

Anne de La Baume sera mariée deux fois, une première fois avec Jean d'Aumont, une deuxième dois avec Jean de Hautemer.

Dans son « Dictionnaire de la Noblesse », La Chesnaye[11] à qui nous ferons pour une fois confiance parce que la chose se trouve corroborée par ailleurs, écrit en effet au sujet de la famille d’Aumont :

 

 «  Jean V d’Aumont [eut pour fils] Pierre et Félix d’Aumont, morts sans postérité. Le premier  avait épousé,  en 1526,  Anne de la Baume, dame de la Cour- d’Arrenai, fille de Marc de la Baume et d’ Anne de Châteauvillain. »

Si Anne de La Baume est dame de Lacour d’Arcenay, c’est sans doute parce qu’elle a reçu en dot cette terre qui venait d’Alix de Luyrieux, grand-mère de son père. Nous avons vu que Marc de La Baume est déjà possesseur de Lacour au moment où il épouse Anne de Châteauvillain.  

 Sur le site de la famille de Thy, au chapitre « Histoire de la famille », on peut lire :

" La pièce la plus ancienne des archives de Lacour est un parchemin datant de 1344. Ce document dont on trouvera ici la traduction en français est un acte notarié de reprise de fief par Jean Seigneur de Thil en Auxois."  Ce serait un argument pour établir la filiation de Simon de Thil comme fils ou petit-fils du connétable.

Le fait de retrouver à Lacour un parchemin datant de 1344, élément du « terrier »  ou titres de propriété du château de Thil, montre que Lacour et la butte de Thil se trouvaient dans les mêmes mains à un moment donné. On voit que c’est effectivement le cas entre 1516, époque à laquelle Marc de La Baume, seigneur de Thil-en-Auxois, hérite de Lacour et 1526, date à laquelle il donne Lacour en dot à sa fille Anne.

Dans l’histoire de Lacour, Alix de Luyrieux a reçu en 1424 une terre familiale et nous verrons  que sa famille la gardera jusqu'à 1645 par l'intermédiaire de Marc de La Baume puis de sa fille Anne et de la descendance de celle-ci. Dans celle du château de Thil, Marc de La Baume apparaît en 1508, date de son mariage avec Anne de Châteauvillain. La butte de Thil restera ensuite entre les mains des descendants de sa fille, Catherine jusqu'à la fin du XVIème siècle et ce sont peut-être eux qui la vendront à Pierre Sayve en 1645, à moins qu'il n'y ait eu une première aliénation entre temps. 

 La butte de Thil

En ce qui concerne les archives de Thil en Auxois, il y avait un terrier qui suivait les possesseurs successifs de Thil-en-Auxois. Pierre Sayve, président du Parlement de Dijon, et sa descendance ont dût le détenir.

Un dénombrement du 3 avril 1645 (Archives de la Côte d'or, B. 10753, liasse 10, cote 30) indique que [...]Pierre de Sayve a acquis la terre et baronnie de Thil, par décret délivré au Parlement de Dijon, sur dame Alphonsine de Gondy et messire Charles de Marcilly, son fils.[...]. A noter qu'il s'agit de grands noms et de la haute noblesse, mais qu'en 1645, ces ruines féodales ne présentent plus d'intérêt, ni militaire, ni résidentiel. Une des filles de Catherine de La Baume a épousé un Montmorency et peut-être cette terre a-t-elle été transmise ainsi à la famille de Gondy. 

 
On peut imaginer qu’un des documents du  " terrier"  Thil-Châteauvillain s’est trouvé par erreur mélangé  au "terrier" de Lacour. Il sera resté en l'état, au titre du "terrier" de Lacour transmis tel quel à ses différents propriétaires. Plus le temps passait, moins il devait être déchiffrable par les notaires : les actes de la vie civile ont été rédigés non plus en latin, mais en français à partir de l'ordonnance de Villers-Cotterêt en 1539  et le graphisme avait surtout fortement changé entre 1345 et 1508.

Le château de Lacour et ses dépendances ne faisaient donc pas partie des terres de la butte de Thil qui ont été vendues à Pierre Sayve au XVIIe siècle . Les terres de Jean de Thil allaient jusqu’à Montlay avec le fief de Bussières et pour partie Juillenay, mais non jusqu’à Lacour qui n’était pas en Bourgogne mais en Nivernais.  

Anne de La Baume, dame de la Cour-d’Arrenai, gardera Lacour lorsqu’elle épousera en deuxièmes noces, en 1535, Jean de Hautemer, seigneur de Fervaque.

Son fils Guillaume de Hautemer sera maréchal de France et Gouverneur de Normandie pendant les guerres de religion. A noter qu'il se dira seigneur de Grancey après 1572, à la mort de sa cousine Antoinette et seigneur de Châteauvillain, mais non de Thil, après la mort en 1582 du fils de Catherine de La Baume.  

Comtes de Grancey et de Châteauvillain

Marc de La Baume et Anne de Châteauvillain ont eu pour fils Joachim. Celui-ci a eu une fille unique, Antoinette, qui épousera Jean d'Annebaut et n'aura pas de descendance. A la mort d'Antoinette en 1572, ses biens iront à ses cousins germains,  fils des sœurs de son père, Anne et Catherine de La Baume. Le fils qu'a eu Anne de La Baume de son second mariage, Guillaume de Hautemer, va hériter de Grancey. Le fils de Catherine de La Baume, Jean d'Avaugour va, de son côté, hériter de Châteauvillain. Jean d'Avaugour, qui a trois sœurs, meurt sans descendance en 1582 et Guillaume de Hautemer se dira plus tard comte de Grancey et de Châteauvillain.

Anne de Hautemer, fille de Jean de Hautemer et d’Anne de La Baume, épousera François d’Aydie de la Guélinière , une famille bordelaise, et Lacour, toujours d’après le terrier, fait partie de sa dot. 

 

 « Jean DE HAUTEMER, seigneur de Fervaques, du Fournet et du Mesnil-Tison, épousa en 1534, Anne de la Baume, fille de Marc de la Baume, comte de Montrevel et d'Anne de Châteauvillain, Dame de Grancei. Il fut tué à la bataille de Cérisoles en 1544. Il eut un frère nommé Claude, et une soeur nommée Françoise. Il eut pour fils Guillaume de Hautemer, seigneur de Fervaques […]. Guillaume DE HAUTEMER, seigneur de Fervaques, comte de Châteauvillain,  baron de Grancei, maréchal de France, qui fait l'objet de cette Notice. Il eut trois soeurs, Charlotte, qui épousa Valeran Mallet, seigneur de Drubec, Anne, qui épousa François d'Aidie, vicomte de Guelinières ; et Barbe, qui fut dame de la Birardière.[12]

Lacour reste dans cette famille qui s’allie à la famille de Richeteau. Un Richeteau sera maire de Poitiers à cette époque. Il semble s’agir vers le début du XVIIe siècle de familles de parlementaires de la région de Poitiers et de Bordeaux.  

 Françoise de Richeteau fera le voyage à Nevers pour faire aveu et dénombrement de Lacour puis vendra cette terre qui se trouvait bien loin du Bordelais. Mais si elle la vend à une famille de gens de robe, c’est peut-être parce qu’elle est elle-même issue d’une famille de parlementaires et que des indications ont circulé, entre pairs, sur la mise en vente de cette terre.

Cette vente est peut-être la première depuis le haut Moyen Age. Nous avons vu qu'Alix de Luyrieux qui apporte cette terre à Pierre de la Baume lors de son mariage en 1424, transmet une terre qui est dans sa famille, peut-être depuis un temps immémorial. [13]

  Ce bien semble donc avoir simplement transité pendant plus de six cents ans, au cours d'alliances matrimoniales entre grands personnages. . La mutation à titre onéreux qui a lieu en 1645 serait alors la première de son histoire.

Cette vente fait sortir définitivement Lacour des mains de la descendance du comte de Nevers, au bénéfice de la famille Espiard.

 C'est un dignitaire de l'Eglise qui achète Lacour . Il est fils d'un avocat au parlement de Dijon et va reprendre les fondations de la maison forte pour en faire un château résidentiel dans le goût du XVIIème siècle. Il veut transmettre un domaine à la gloire de sa famille et va laisser Lacour à l'aîné de ses neveux, qui est conseiller au parlement de Dijon, ainsi que cela se pratiquait couramment de son temps. La famille Espiard va désormais nous retenir.   
 

Note n°1 : La France et le Nivernais au moment du mariage d'Alix de Luyrieux en 1424

§  L'unique petite-fille de Marguerite de France, comtesse de Flandre, d'Artois, de Bourgogne et de Nevers a épousé en 1369 Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. qui réunira donc dans sa main pendant trente cinq ans les deux Bourgognes, l'Artois, la Flandres et le Nivernais. Philippe le Hardi est le frère du roi de France Charles V et restera  son allié toute sa vie. Charles V va reconquérir une bonne partie du royaume perdu sous Jean le Bon au début de la Guerre de Cent Ans.

§  Avec la folie de Charles VI à partir de 1392, les factions prolifèrent. La guerre civile s'installe en France, inaugurée par l'assassinat du duc d'Orléans par les Bourguignons en 1407. Les Armagnac, (du nom du gendre du duc d'Orléans), aussi bien que les Bourguignons, ont promis de livrer de bonnes parties du territoires français au roi d'Angleterre contre son soutien. Celui-ci, Henry IV, puis Henri V de Lancastre veut la couronne de France. Henri V débarque en Normandie à l'été 1415 et gagne la bataille d'Azincourt qui lui livre la France.  Le duc de Bourgogne Jean Sans Peur va devenir  son allié dès 1416 et les forces bourguignonnes s' emparent en 1418 de Paris qui était aux mains des Armagnacs. Les Armagnacs vengent la mort du duc d'Orléans en assassinant le duc de Bourgogne en 1419. La Bourgogne sera dès lors un allié indéfectible pour l'Angleterre. Lors du traité de Troyes en 1420, traité qui déshérite le futur Charles VII au profit de Henry V, roi d'Angleterre, ce sont donc les forces bourguignonnes qui occupent Paris en compagnie des Anglais.

§   En 1423, Charles VII, qui n'est encore que "le roi de Bourges", envoie ses troupes aux frontières de la Bourgogne. Les Bourguignons occupent la place-forte de Cravant et les forces de Charles VII en font le siège. Ce sera un échec sanglant pour les troupes du roi de France.

§  Ce n'est que vers 1435 que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon va abandonner l'alliance anglaise au profit du roi de France. La guerre de Cent Ans s'éteindra vingt ans plus tard grâce aux bombardes de Charles VII.

§  .Lacour est situé assez près du lieu où s'est déroulé cette bataille importante de Cravant. A la mort de Philippe le Hardi en 1404, son fils Jean Sans Peur est devenu duc de Bourgogne, tandis que Rethel et le Nivernais ont été attribués au frère de ce dernier, Philippe de Bourgogne. Le Nivernais se trouve donc en 1423 dans la sphère d'influence des Bourguignons, alliés des Anglais. La maison forte de Lacour semble démantelée depuis cinquante ans, mais ses seigneurs appartiennent au parti anglo-bourguignon.    

   

Note n°2 :La bataille de  Cravant,  31 juillet 1423

  Après le traité de Troyes en 1420, l'Angleterre occupe toutes les terres situées au nord de la Loire. En 1422, après la mort soudaine de Henry V, suivie quelques mois plus tard de celle de Charles VI, le roi fol,  Charles VII s'est proclamé roi de France le 30 octobre 1422, mais il réside à Bourges ou à Poitiers, puisque les anglo-bourguignons sont à Paris. Il lui reste à reconquérir son royaume et les dix premières années de son règne ne vont pas être marquées par des succès.  Le frère du roi d'Angleterre, le duc de Bedford, régent du royaume, veille à l'en empêcher et bénéficie pour cela du soutien de la Bourgogne.

 Le Maréchal Tanneguy du Châtel, fidèle à Charles VII, poursuivi par les comtes de Salisbury et de Suffolk, veut se retirer à Cravant, place que Charles VII regarde comme une des clefs de la Bourgogne. Le bâtard de la Baume s' était récemment emparé de cette place au nom du roi mais le Maréchal du Châtel  ne savait pas que les Bourguignons l'avaient  reprise ensuite. 

Il est donc surpris en trouvant cette place occupée par les Bourguignons, environ quatre cents hommes commandés par Claude de Chastellux. Il en entreprend immédiatement le siège.

L'Ecosse avait envoyé un corps expéditionnaire pour soutenir Charles VII, avec  Stuart Darnley, qui avait gagné la bataille de Baugé en 1421. Charles VII ordonne alors à  Stuart  qui venait de recevoir l'appoint de trois mille de ses compatriotes, d’aller renforcer la Baume et du Châtel, et à Amaury de Séverac qui commande un autre corps de l'armée royale, de traverser la Loire pour se joindre à eux.

Le siège de Cravant est donc entrepris par une armée composée d’environ quinze mille hommes. Pendant cinq semaines les Bourguignons le soutiennent avec une constance admirable malgré le manque de vivres qui les oblige à manger leurs chevaux ; enfin les seigneurs de  Chastellux et de Presles trouvent le moyen de faire avertir la duchesse douairière de leur position critique. Cette princesse ordonne à  Jean de Toulangeon, maréchal de  Bourgogne de rassembler des troupes ; elles se trouvent prêtes les 18  et le 20 juillet 1423. Celles du Duché se réunissent entre  Montbard et  Avallon et celles de la Comté,( la Franche-Comté), entre Châtillon et Chaumont. Elles se rencontrent huit jours après à  Auxerre avec un corps de six mille hommes commandés par les comtes de  Salisbury et de  Suffolk. Il est convenu qu’elles partiraient ensemble le 29 sur une seule colonne sous la surveillance de deux inspecteurs généraux, que l’avant-garde serait composée d’un égal nombre de Bourguignons et d’Anglais ; qu’avant d’arriver au champ de bataille tout le monde mettrait pied à terre ; que les chevaux resteraient à une demie-lieue en arrière ; que chacun se pourvoirait d’un pieu aiguisé par les deux bouts et éviterait de faire des prisonniers durant le combat. Cette ordonnance est publiée à son de trompe et son observation prescrite sous les peines les plus sévères.

Le 30, les deux armées anglo-bourguignonnes, sortent de Vincelles, en aval de Cravant, sur la rive gauche de l'Yonne, marchent vers l’armée de Charles VII qui assiège Cravant, rangée en bataille en face des remparts de la ville, sur la montagne qui domine la rive droite de l'Yonne, dans une position inexpugnable. Les anglo-bourguignons se gardent bien de l’y attaquer ; ils se répandent dans les prés de la Gravelle tandis que les Français descendent au bord de l’eau pour interdire le passage de la rivière. On s’observe de part et d’autre ; enfin le lendemain un corps d’Anglais force le passage du pont et en ménage l’accès au reste de l’armée malgré les efforts désespérés des Français. Le maréchal de Séverac, écrasé par le nombre, abandonne une partie du champ de bataille où les Ecossais restent seuls pour soutenir le choc. Leur défaite est complétée par une sortie du sire de  Chastellux qui s’empare du connétable  Stuart Darnley ; c’est ainsi que les Bourguignons demeurent victorieux après une journée meurtrière qui leur a coûté seize cents hommes parmi lesquels soixante gentilshommes. Les pertes de l’ennemi sont bien plus considérables ; cinq à six mille hommes restent sur le carreau ou sont faits prisonniers.  

 

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[8] Abbé Baudiau :"Le Morvand".

[9] Les La Baume, les Luyrieux et les Sainte-Croix et les de Vienne se mariaient constamment entre cousins, l’héritage d’Alix de La Baume peut venir de différents côtés.

[10] Louis Moreri : "Le Grand dictionnaire historique".

[11] La Chesnaye des Bois : « Dictionnaire de la noblesse », vol.1, p. 558

[12] A.J.L. Dingremont : Notice sur Guillaume de Hautemer, seigneur de  Fervaques... Cette référence est celle de la généalogie de Guillaume de Hautemer Maréchal de France, tirée de l'"Histoire de la Maison de Harcourt", par M. de la Roque, livre X, pages 960 et 961.

[13] Généalogie Famille Carné