Histoire de la famille de Thy et du château de Lacour
(Transcription du manuscrit d'Emmanuelle de Thy)
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La
famille de La Baume Toujours
dans "Le Morvand", se trouve l'indication suivante : "Alix
de Luyrieux, fille de Humbert, seigneur de Cueille, de Savigny en
Revermont et de Jeanne de Sassenage, la porta, le 2 mars 1424 à Pierre
de La Baume, chevalier, sire d'Hilan, du Mont-Saint-Sorlin…[…]."[8]
Nous
avons dit comment cette terre de Lacour est sans doute passée de Jean
de Sainte-Croix, seigneur de Savigny-en-Revermont en 1367, à Catherine
de Couzan en 1406, puis à Humbert de Luyrieux, fils de Jeanne
d’Antigny, dame de Savigny-en-Revermont.
La
famille de Luyrieux, tout comme celle de Sainte Croix est originaire de
Bresse et du Bugey. C'est aussi le cas de la famille de La Baume[9].
Au cours de la Guerre de Cent Ans, elle va servir le duc de Savoie, puis
le roi de France et enfin le duc de Bourgogne. La
famille de La Baume Au
XIVème siècle, un Etienne de La Baume, dit le Galois de Montrevel,
est au service d' Aimé IV, comte de Savoie, puis du roi de France,
Philippe de Valois qui le fait Grand Maître des Arbalétriers de
France en 1338. Il devient gouverneur de Cambrai, qu'il défend
contre Edouard III, roi d'Angleterre en 1339. le roi de France le fait
Lieutenant Général de ses armées et Aimé V, comte de Savoie, lui
donne aussi la même charge en 1350. Il meurt vers 1362. Son fils,
Guillaume, est élevé en France où il est nommé conseiller et
Chambellan du roi Philippe de Valois en 1345. Il est ensuite tuteur du
d'Aimé VI, comte de Savoie, surnommé "le Verd" et
meurt en 1362, avant son père, d'une blessure reçue au siège de
Carignan. De son second mariage en 1357, naît Jean de La Baume. Ce
dernier sert la reine Jeanne de Naples en 1383, puis Amédée VIII,
premier duc de Savoie, qui le fait Lieutenant Général de Bresse en
1409. En
1410, Jean de La Baume entre au service du roi de France, Charles VI
dont il devient conseiller et Chambellan. Le traité de Troyes en 1420
prévoit que le jeune roi d'Angleterre, Henry V, deviendra roi de
France au décès du vieux Charles VI. Mais le roi
d'Angleterre est mort en juillet 1422, deux mois avant Charles
VI, laissant un fils en bas âge. Le fils de Charles VI se proclame
Charles VII, roi de France. Il réside à Poitiers ou à Beaugency
puisque tout le pays au nord de la Loire est tenu par les Anglais et les
Bourguignons. Ces derniers sont alliés des Anglais depuis 1416 et
surtout depuis l'assassinat de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne par les
Armagnacs en 1419. Le
duc de Bedford, frère du roi Henry V, exerce la régence anglaise en
France au nom du jeune Henry VI. Les Anglais seront maîtres de la
France du nord pendant treize ans. C'est dans ce contexte que Jean de La
Baume est nommé maréchal de France. "A la prière d'Henry V,
roi d'Angleterre, Jean de La Baume devient
Maréchal de France en 1421. Les Anglais, voulant tâcher de se l'acquérir,
lui font donner le gouvernement de Paris[10]."
Jean
de La Baume, qui meurt en 1435, est donc au service des Anglais et des
Bourguignons, bien que son fils bâtard se soit fait tuer dans l'armée
de Charles VII à la bataille de Cravant en 1423. Pierre de La Baume,
qui épouse Alix de Luyrieux en 1424 et devient ainsi seigneur de Lacour
est le troisième fils du Maréchal de France. Pierre servira le duc de
Bourgogne et sera chevalier de la Toison d'Or. Il faut savoir que le
duc de Bourgogne, à partir de 1435, abandonnera l'alliance anglaise
pour se rallier à Charles VII. Le fils de Pierre, Guy de La Baume sera
également chevalier de la Toison d'Or et chevalier d'honneur de la
duchesse douairière de Savoie. Il garde Lacour qu'il transmet à sa
mort en 1516 à son fils, Marc de La Baume.
Dans l'histoire de Lacour, d'après l'abbé Baudiau, on lit :
« [...] Pierre de La Baume [...] fit refaire le terrier en 1445 et
mourut peu de temps après. Sa veuve lui survécut de trente ans. À sa
mort, en 1475, son fils Guy reprit le fief pour la baronnie de Lacour
qu'il laissa à son tour à Marc de La Baume issu de son union avec
Jeanne de Mouy, comtesse de Chateauvillain, dame de Selongey et se dit dès
lors comte de Montrevel, baron de Lacour, de Thil-en-Auxois, de Grancey,
de Milly. Il laissa plusieurs enfants : Joachim qui affranchit en
1539 Guy Sallier, doyen de la collégiale de Saulieu, et François, son
frère ; Pierre qui reprit le fief deux ans après ; Anne,
mariée le 10 septembre 1526 à noble et puissant Pierre d'Aumont, baron
de Couches et de Montaigu, sire de Nolay, de Nanton, de Mussy La Fosse ;
N. qui épousa Jean de Hautenay ». Il
s’agit ici d’un beau salmigondis qui ne correspond que partiellement
aux renseignements maintenant accessibles. Cette propriété de Lacour qu'Alix de Luyreux a apportée
dans la famille de La Baume, va suivre, à partir de 1424 le destin de
cette dernière. Guy de La Baume, fils de Pierre, a épousé
Jeanne de Longwy-sur-le-Doubs. Leur fils est Marc de La Baume
qui, marié une première fois en 1488, épouse en secondes noces, en
1508, Anne de Châteauvillain, une veuve que la mort de son frère a
fait riche héritière. Les
seigneuries de Thil, Châteauvillain et Grancey Jean
de Thil, connétable de Bourgogne, 1300-1355 | Jean
de Thil-Châteauvillaun, 1345-1403, épouse en 1372 Jeanne de Grancey | Bernard
de Châteauvillain 1380-1452, épouse Jeanne de Vie | Jean
de Châteauvillain, 1420-1497, épouse Louise Rollin | Jean
de Châteauvillain, 1450-1504, épouse Marie d'Estouteville, d'où | 1)Jacques
de Châteauvillain, 1470-1507, s. d. 2)
Anne de Châteauvillain, dame de Thil, Châteauvillain et Grancey, épouse
en secondes noces en 1508 Marc de La Baume
De
ce mariage de 1508 entre Marc de La Baume et Anne de Châteauvillain,
dame de Thil, Grancey et Châteauvillain, sont issus trois enfants,
Anne, Catherine et Joachim. Joachim,
le seul fils, épousera Jeanne de Moy et héritera de Grancey et de Châteauvillain
; il aura un seul enfant, Antoinette qui épousera Jean
d'Annebaut et mourra sans descendance. Le fils de Catherine de La
Baume, Jean d'Avaucour, sera seigneur de Thil à la fin du XVIème siècle
mais il meurt également sans descendance. C'est sans doute une de ses sœurs
qui hérite de Thil, soeur dont un descendant vendra cette terre au XVIIème
siècle. Les autres neveux de Joachim se diront seigneurs de Grancey ou
de Châteauvillain après le décès de leur cousine Antoinette.
Jeanne
de Mouy, comtesse de Chateauvillain, dame de Selongey est
donc la femme de Joachim, comte de Grancey et de Châteauvillain vers
1530, fils
de Marc de La Baume et d'Anne de Châteauvillain. Cependant Joachim de La Baume, qui a reçu Châteauvillain
et Grancey, n'a pas reçu Lacour. Généalogie
de la famille de La Baume Jean
de La Baume, comte de Montrevel, maréchal de France, meurt en 1435 | Pierre
de La Baume, écuyer tranchant du duc de Bourgogne, épouse en 1424
Alix de Luyrieux | Guy
de La Baume, épouse Jeanne de Longwy, meurt en 1516. | Marc
de La Baume, comte de Montrevel, épouse en secondes noces Anne de Châteauvillain
en 1508. D'où |
1)Joachim
de La Baume, comte de Châteauvillain, épouse Jeanne de Moy, d'où
une fille unique :
|
Antoinette
de La Baume, épouse Jean d'Annebaut, sans descendance, meurt en 1572
2) Anne, épouse 1) Pierre d'Aumont en 1526, s.d.,
2) Jean de Hautemer en 1536, d'où trois filles et un fils.
3) Catherine de La Baume, épouse Jacques d'Avaugour, d'où un
fils et trois filles. Lacour
en effet a été donné en dot à Anne de La Baume, la sœur de Joachim. On
a vu qu'au milieu de la Guerre de cent ans, vers 1370, la maison-forte
de Lacour, qui devait constituer un repaire de routiers, a sans doute été
démantelée, mais que son propriétaire légitime s'est apparemment
fait construire une autre résidence qui n'avait pas de vocation
militaire. Lacour était devenu une terre de rapport, appelée à faire
partie de la dot d’une fille. A
noter que ni Anne de Châteauvillain, ni Marc de La Baume n’ont jamais
été seigneur ou dame d’un Milly, qui arrive là de manière
fantaisiste. Anne
de La Baume sera mariée deux fois, une première fois avec Jean d'Aumont,
une deuxième dois avec Jean de Hautemer. Dans
son « Dictionnaire de la Noblesse », La Chesnaye[11]
à qui nous ferons pour une fois confiance parce que la chose se trouve
corroborée par ailleurs, écrit en effet au sujet de la famille d’Aumont : «
Jean V d’Aumont [eut pour fils] Pierre et Félix d’Aumont, morts
sans postérité. Le premier avait
épousé, en 1526,
Anne de la Baume, dame de la Cour- d’Arrenai, fille de
Marc de la Baume et d’ Anne de Châteauvillain. »
Si
Anne de La Baume est dame de Lacour d’Arcenay, c’est sans doute
parce qu’elle a reçu en dot cette terre qui venait d’Alix de
Luyrieux, grand-mère de son père. Nous avons vu que Marc de La Baume
est déjà possesseur de Lacour au moment où il épouse Anne de Châteauvillain.
"
La pièce la plus ancienne des archives de Lacour est un parchemin
datant de 1344. Ce document dont on trouvera ici la traduction en français
est un acte notarié de reprise de fief par Jean Seigneur de Thil en
Auxois." Ce serait un
argument pour établir la filiation de Simon de Thil comme fils ou
petit-fils du connétable. Le
fait de retrouver à Lacour un parchemin datant de 1344, élément du « terrier »
ou titres de propriété du château de Thil, montre que Lacour
et la butte de Thil se trouvaient dans les mêmes mains à un moment
donné. On voit que c’est effectivement le cas entre 1516, époque à
laquelle Marc de La Baume, seigneur de Thil-en-Auxois, hérite de Lacour
et 1526, date à laquelle il donne Lacour en dot à sa fille Anne. Dans
l’histoire de Lacour, Alix de Luyrieux a reçu en 1424 une terre
familiale et nous verrons que
sa famille la gardera jusqu'à 1645 par l'intermédiaire de Marc de La
Baume puis de sa fille Anne et de la descendance de celle-ci. Dans celle
du château de Thil, Marc de La Baume apparaît en 1508, date de son
mariage avec Anne de Châteauvillain. La butte de Thil restera ensuite
entre les mains des descendants de sa fille, Catherine jusqu'à la fin
du XVIème siècle et ce sont peut-être eux qui la vendront à Pierre
Sayve en 1645, à moins qu'il n'y ait eu une première aliénation entre
temps. La
butte de Thil En
ce qui concerne les archives de Thil en Auxois, il y avait un terrier
qui suivait les possesseurs successifs de Thil-en-Auxois. Pierre Sayve,
président du Parlement de Dijon, et sa descendance ont dût le détenir. Un
dénombrement du 3 avril 1645 (Archives de la Côte d'or, B. 10753,
liasse 10, cote 30) indique que [...]Pierre de Sayve a acquis la
terre et baronnie de Thil, par décret délivré au Parlement de
Dijon, sur dame Alphonsine de Gondy et messire Charles de Marcilly,
son fils.[...]. A noter qu'il s'agit de grands noms et de la haute
noblesse, mais qu'en 1645, ces ruines féodales ne présentent plus
d'intérêt, ni militaire, ni résidentiel. Une des filles de
Catherine de La Baume a épousé un Montmorency et peut-être cette
terre a-t-elle été transmise ainsi à la famille de Gondy.
Le
château de Lacour et ses dépendances ne faisaient donc pas partie des
terres de la butte de Thil qui ont été vendues à Pierre Sayve au
XVIIe siècle . Les terres de Jean de Thil allaient jusqu’à
Montlay avec le fief de Bussières et pour partie Juillenay, mais non
jusqu’à Lacour qui n’était pas en Bourgogne mais en Nivernais.
Anne
de La Baume, dame de la Cour-d’Arrenai, gardera Lacour
lorsqu’elle épousera en deuxièmes noces, en 1535, Jean de Hautemer,
seigneur de Fervaque. Son
fils Guillaume de Hautemer sera maréchal de France et Gouverneur de
Normandie pendant les guerres de religion. A noter qu'il se dira
seigneur de Grancey après 1572, à la mort de sa cousine Antoinette et
seigneur de Châteauvillain, mais non de Thil, après la mort en 1582 du
fils de Catherine de La Baume. Comtes
de Grancey et de Châteauvillain Marc
de La Baume et Anne de Châteauvillain ont eu pour fils Joachim.
Celui-ci a eu une fille unique, Antoinette, qui épousera Jean d'Annebaut
et n'aura pas de descendance. A la mort d'Antoinette en 1572, ses
biens iront à ses cousins germains,
fils des sœurs de son père, Anne et Catherine de La Baume. Le
fils qu'a eu Anne de La Baume de son second mariage, Guillaume de
Hautemer, va hériter de Grancey. Le fils de Catherine de La Baume,
Jean d'Avaugour va, de son côté, hériter de Châteauvillain. Jean
d'Avaugour, qui a trois sœurs, meurt sans descendance en 1582 et
Guillaume de Hautemer se dira plus tard comte de Grancey et de Châteauvillain. Anne de Hautemer, fille de Jean de Hautemer
et d’Anne de La Baume, épousera François d’Aydie de la Guélinière
, une
famille bordelaise, et Lacour, toujours d’après le terrier, fait partie de sa
dot. « Jean
DE HAUTEMER, seigneur de Fervaques, du Fournet et du Mesnil-Tison, épousa
en 1534, Anne de la Baume, fille de Marc de la Baume, comte
de Montrevel et d'Anne de Châteauvillain, Dame de Grancei. Il
fut tué à la bataille de Cérisoles en 1544. Il eut un frère nommé
Claude, et une soeur nommée Françoise. Il eut pour fils Guillaume
de Hautemer, seigneur de Fervaques […]. Guillaume DE HAUTEMER,
seigneur de Fervaques, comte de Châteauvillain,
baron de Grancei,
maréchal de France, qui fait l'objet de cette Notice. Il eut trois
soeurs, Charlotte, qui épousa Valeran Mallet, seigneur de Drubec,
Anne, qui épousa François d'Aidie, vicomte de Guelinières ;
et Barbe, qui fut dame de la Birardière.[12] Lacour reste dans cette famille qui s’allie
à la famille de Richeteau. Un Richeteau sera maire de Poitiers à cette
époque. Il semble s’agir vers le début du XVIIe siècle de familles
de parlementaires de la région de Poitiers et de Bordeaux. Françoise
de Richeteau fera le voyage à Nevers pour faire aveu et dénombrement
de Lacour puis vendra cette terre qui se trouvait bien loin du
Bordelais. Mais si elle la vend à une famille de gens de robe,
c’est peut-être parce qu’elle est elle-même issue d’une famille
de parlementaires et que des indications ont circulé, entre pairs, sur
la mise en vente de cette terre. Cette
vente est peut-être la première depuis le haut Moyen Age. Nous avons
vu qu'Alix de Luyrieux qui apporte cette terre à Pierre de la Baume
lors de son mariage en 1424, transmet une terre qui est dans sa famille,
peut-être depuis un temps immémorial.
[13]
Ce
bien semble donc avoir simplement transité pendant plus de six cents
ans, au cours d'alliances matrimoniales entre grands personnages. . La
mutation à titre onéreux qui a lieu en 1645 serait alors la première
de son histoire. Cette
vente fait sortir définitivement Lacour des mains de la descendance du
comte de Nevers, au bénéfice de la famille Espiard. C'est
un dignitaire de l'Eglise qui achète Lacour . Il est fils d'un avocat
au parlement de Dijon et va reprendre les fondations de la maison forte
pour en faire un château résidentiel dans le goût du XVIIème siècle.
Il veut transmettre un domaine à la gloire de sa famille et va laisser
Lacour à l'aîné de ses neveux, qui est conseiller au parlement de
Dijon, ainsi que cela se pratiquait couramment de son temps. La famille
Espiard va désormais nous retenir.
Note
n°1 : La France et le Nivernais au moment du mariage d'Alix de
Luyrieux en 1424 §
L'unique
petite-fille de Marguerite de France, comtesse de Flandre, d'Artois,
de Bourgogne et de Nevers a épousé en 1369 Philippe le Hardi, duc de
Bourgogne. qui réunira donc dans sa main pendant trente cinq ans les
deux Bourgognes, l'Artois, la Flandres et le Nivernais. Philippe le
Hardi est le frère du roi de France Charles V et restera
son allié toute sa vie. Charles V va reconquérir une bonne
partie du royaume perdu sous Jean le Bon au début de la Guerre de
Cent Ans. §
Avec la folie
de Charles VI à partir de 1392, les factions prolifèrent. La guerre
civile s'installe en France, inaugurée par l'assassinat du duc d'Orléans
par les Bourguignons en 1407. Les Armagnac, (du nom du gendre du duc
d'Orléans), aussi bien que les Bourguignons, ont promis de livrer de
bonnes parties du territoires français au roi d'Angleterre contre son
soutien. Celui-ci, Henry IV, puis Henri V de Lancastre veut la
couronne de France. Henri V débarque en Normandie à l'été 1415 et
gagne la bataille d'Azincourt qui lui livre la France.
Le duc de Bourgogne Jean Sans Peur va devenir
son allié dès 1416 et les forces bourguignonnes s' emparent
en 1418 de Paris qui était aux mains des Armagnacs. Les Armagnacs
vengent la mort du duc d'Orléans en assassinant le duc de Bourgogne
en 1419. La Bourgogne sera dès lors un allié indéfectible pour
l'Angleterre. Lors du traité de Troyes en 1420, traité qui déshérite
le futur Charles VII au profit de Henry V, roi d'Angleterre, ce sont
donc les forces bourguignonnes qui occupent Paris en compagnie des
Anglais. §
En
1423, Charles VII, qui n'est encore que "le roi de Bourges",
envoie ses troupes aux frontières de la Bourgogne. Les Bourguignons
occupent la place-forte de Cravant et les forces de Charles VII en
font le siège. Ce sera un échec sanglant pour les troupes du roi de
France. §
Ce n'est que
vers 1435 que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon va abandonner
l'alliance anglaise au profit du roi de France. La guerre de Cent Ans
s'éteindra vingt ans plus tard grâce aux bombardes de Charles VII. §
.Lacour
est situé assez près du lieu où s'est déroulé cette bataille
importante de Cravant. A la mort de Philippe le Hardi en 1404, son
fils Jean Sans Peur est devenu duc de Bourgogne, tandis que Rethel et
le Nivernais ont été attribués au frère de ce dernier, Philippe de
Bourgogne. Le Nivernais se trouve donc en 1423 dans la sphère
d'influence des Bourguignons, alliés des Anglais. La maison forte de
Lacour semble démantelée depuis cinquante ans, mais ses seigneurs
appartiennent au parti anglo-bourguignon. Note
n°2 :La bataille
de
Cravant,
31 juillet 1423 Il
est donc surpris en trouvant cette place occupée par les Bourguignons,
environ quatre cents hommes commandés par Claude de Chastellux. Il en
entreprend immédiatement le siège. L'Ecosse
avait envoyé un corps expéditionnaire pour soutenir Charles VII, avec
Stuart Darnley, qui avait gagné la bataille de Baugé en 1421.
Charles
VII ordonne alors à
Stuart qui venait de
recevoir l'appoint de trois mille de ses compatriotes, d’aller
renforcer la Baume et du Châtel, et à Amaury de Séverac qui commande
un autre corps de l'armée royale, de traverser la Loire pour se joindre
à eux. Le
siège de Cravant est donc entrepris par une armée composée
d’environ quinze mille hommes. Pendant cinq semaines les Bourguignons
le soutiennent avec une constance admirable malgré le manque de vivres
qui les oblige à manger leurs chevaux ; enfin les seigneurs de
Chastellux et de Presles trouvent le moyen de faire avertir la duchesse
douairière de leur position critique. Cette princesse ordonne à
Jean de Toulangeon, maréchal de
Bourgogne de rassembler des troupes ; elles se trouvent prêtes les
18 et le 20 juillet 1423.
Celles du Duché se réunissent entre
Montbard et Avallon et
celles de la Comté,( la Franche-Comté), entre Châtillon et Chaumont.
Elles se rencontrent huit jours après à
Auxerre avec un corps de six mille hommes commandés par les comtes de
Salisbury et de
Suffolk. Il est convenu qu’elles partiraient ensemble le 29 sur une
seule colonne sous la surveillance de deux inspecteurs généraux, que
l’avant-garde serait composée d’un égal nombre de Bourguignons et
d’Anglais ; qu’avant d’arriver au champ de bataille tout le
monde mettrait pied à terre ; que les chevaux resteraient à une
demie-lieue en arrière ; que chacun se pourvoirait d’un pieu
aiguisé par les deux bouts et éviterait de faire des prisonniers
durant le combat. Cette ordonnance est publiée à son de trompe et son
observation prescrite sous les peines les plus sévères. Le
30, les deux armées anglo-bourguignonnes, sortent de Vincelles,
en aval de Cravant, sur la rive gauche de l'Yonne, marchent vers l’armée
de Charles VII qui assiège Cravant, rangée en bataille en face des
remparts de la ville, sur la montagne qui domine la rive droite de
l'Yonne, dans une position inexpugnable. Les anglo-bourguignons se
gardent bien de l’y attaquer ; ils se répandent dans les prés
de la Gravelle tandis que les Français descendent au bord de l’eau
pour interdire le passage de la rivière. On s’observe de part et
d’autre ; enfin le lendemain un corps d’Anglais force le
passage du pont et en ménage l’accès au reste de l’armée malgré
les efforts désespérés des Français. Le maréchal de Séverac, écrasé
par le nombre, abandonne une partie du champ de bataille où les
Ecossais restent seuls pour soutenir le choc. Leur défaite est complétée
par une sortie du sire de
Chastellux qui s’empare du connétable
Stuart Darnley ; c’est ainsi que les Bourguignons demeurent
victorieux après une journée meurtrière qui leur a coûté seize
cents hommes parmi lesquels soixante gentilshommes. Les pertes de
l’ennemi sont bien plus considérables ; cinq à six mille hommes
restent sur le carreau ou sont faits prisonniers.
[8]
Abbé Baudiau :"Le Morvand". [9]
Les La Baume, les Luyrieux et les Sainte-Croix
et les de Vienne se mariaient constamment entre cousins, l’héritage
d’Alix de La Baume peut venir de différents côtés. [10]
Louis Moreri : "Le Grand dictionnaire historique". [11]
La Chesnaye des Bois : « Dictionnaire de la noblesse »,
vol.1, p. 558 [12]
A.J.L. Dingremont : Notice sur Guillaume de Hautemer,
seigneur de Fervaques...
Cette référence est celle de la généalogie de Guillaume de
Hautemer Maréchal de France, tirée de l'"Histoire de la
Maison de Harcourt", par M. de la Roque, livre X, pages 960 et
961. [13]
Généalogie Famille Carné
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