|
Naissance troublée de la IIIe
République :
2 septembre 1870 : défaite
de Sedan
4
septembre 1870 : déchéance
de l'empereur
27 octobre 1870 : Bazaine
capitule à Metz
18 mars 1871 : début de la Commune
10
mai 1871 : traité de paix
de Francfort
28 mai 1871 : fin
sanglante de la Commune
20 novembre 1873 :
naissance du septennat
30
janvier 1875 : amendement Wallon
| |
|
Le 30 janvier 1875, un modeste
amendement introduit subrepticement le mot République dans
les lois constitutionnelles de la France.
Depuis la
déchéance de Napoléon III (), quatre ans plus
tôt, c'est la première fois que les députés désignent formellement
la nature du régime qu'ils mettent en place par petites touches.
L'amendement Wallon fonde la
République
Les députés de
l'Assemblée nationale élue le 8 février 1871 étaient en majorité
monarchistes.
Mais comme le comte de Chambord, héritier de
la monarchie capétienne, se faisait prier pour monter sur le trône,
ils avaient prorogé le
mandat présidentiel du maréchal de Mac-Mahon pour sept ans en
attendant que le prétendant veuille bien se décider.
Profitant de ce répit, Léon Gambetta, chef fougueux de la
gauche républicaine, fait alliance avec son vieil ennemi, Adolphe
Thiers, le chef conservateur.
Il fait adopter en juin 1874
une loi fixant à 21 ans et non plus à 25 l'âge où il devient
possible de voter aux élections municipales. Voilà déjà un suffrage
universel plus étendu que jamais !
Le 6 janvier 1875, au
lendemain de l'inauguration du Palais-Garnier,
l'Assemblée nationale aborde les lois constitutionnelles avec la
volonté de sortir du provisoire.
Elle met au vote deux
projets de lois «relatifs à l'organisation des pouvoirs
publics» en écartant soigneusement le vocable
République.
Le 28 janvier, un député propose en vain
un amendement où il est question du «gouvernement de la
République». C'est le tollé. Mais les modérés des deux bords,
républicain et monarchiste, s'activent, pressés d'en
finir.
Le 30 janvier, enfin, Henri-Alexandre Wallon, un
député modéré du centre gauche, historien de profession, dépose un
amendement au contenu anodin, ainsi conçu : «Le président de
la République est élu à la majorité des suffrages par le Sénat et la
Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour
sept ans. Il est rééligible».
Le vote de l'amendement s'avère très serré du
fait de quelques ralliements monarchistes de dernière minute.
En fin d'après-midi, il est adopté avec 353 voix pour et 352
voix contre. Une voix d'écart !
C'est ainsi que la
République, la fonction présidentielle et le septennat entrent d'un
coup dans les lois constitutionnelles de la France.
Par la
même occasion, l'amendement Wallon consacre le retour au
bicamérisme, avec deux assemblées en concurrence : le Sénat et
la Chambres des députés.
Les jours suivants, les députés
confient au président de la République le droit de dissoudre la
Chambre, mais seulement sur l'avis conforme du Sénat, ce qui aura
pour effet de réduire ce droit à rien et d'abandonner la réalité du
pouvoir aux combinaisons partisanes dans les couloirs du
Palais-Bourbon.
Pour la forme, les monarchistes obtiennent
que l'Assemblée nationale garde le droit de changer la forme du
gouvernement et de restaurer la monarchie.
Les institutions
de la IIIe République, lentement mûries par des hommes qui ont vécu
sous des régimes très divers, perdureront jusqu'en 1940, soit plus
longtemps qu'aucun autre régime depuis 200 ans.
Bibliographie
Il existe beaucoup de
livres sur les débuts de la IIIe République. Je recommande en
particulier celui de Jacques Chastenet, de l'Institut, épuisé mais
encore disponible en bibliothèque : L'enfance de la
Troisième 1870-1879 (Hachette, 1952).
|
|