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30 janvier 1875

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Les deux sœurs à la terrasse (détail), par Pierre-Auguste Renoir (France 1841-1919)

Ce jour-là...

 

Le mot république apparaît dans l'amendement Wallon

 

 

 

Naissance troublée de la IIIe République :

2 septembre 1870 : défaite de Sedan

4 septembre 1870 : déchéance de l'empereur

27 octobre 1870 : Bazaine capitule à Metz

18 mars 1871 : début de la Commune

10 mai 1871 : traité de paix de Francfort

28 mai 1871 : fin sanglante de la Commune

20 novembre 1873 : naissance du septennat

30 janvier 1875 : amendement Wallon
 

  Le 30 janvier 1875, un modeste amendement introduit subrepticement le mot République dans les lois constitutionnelles de la France.

Depuis la déchéance de Napoléon III (*), quatre ans plus tôt, c'est la première fois que les députés désignent formellement la nature du régime qu'ils mettent
en place par petites touches.

L'amendement Wallon fonde la République

Les députés de l'Assemblée nationale élue le 8 février 1871 étaient en majorité monarchistes.

Mais comme le comte de Chambord, héritier de la monarchie capétienne, se faisait prier pour monter sur le trône, ils avaient prorogé le mandat présidentiel du maréchal de Mac-Mahon pour sept ans en attendant que le prétendant veuille bien se décider.

Profitant de ce répit, Léon Gambetta, chef fougueux de la gauche républicaine, fait alliance avec son vieil ennemi, Adolphe Thiers, le chef conservateur.

Il fait adopter en juin 1874 une loi fixant à 21 ans et non plus à 25 l'âge où il devient possible de voter aux élections municipales. Voilà déjà un suffrage universel plus étendu que jamais !

Le 6 janvier 1875, au lendemain de l'inauguration du Palais-Garnier, l'Assemblée nationale aborde les lois constitutionnelles avec la volonté de sortir du provisoire.

Elle met au vote deux projets de lois «relatifs à l'organisation des pouvoirs publics» en écartant soigneusement le vocable République.

Le 28 janvier, un député propose en vain un amendement où il est question du «gouvernement de la République». C'est le tollé. Mais les modérés des deux bords, républicain et monarchiste, s'activent, pressés d'en finir.

Le 30 janvier, enfin, Henri-Alexandre Wallon, un député modéré du centre gauche, historien de profession, dépose un amendement au contenu anodin, ainsi conçu : «Le président de la République est élu à la majorité des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible».

La foule devant le Palais-Bourbon lors du vote des lois constitutionnellesLe vote de l'amendement s'avère très serré du fait de quelques ralliements monarchistes de dernière minute.

En fin d'après-midi, il est adopté avec 353 voix pour et 352 voix contre. Une voix d'écart !

C'est ainsi que la République, la fonction présidentielle et le septennat entrent d'un coup dans les lois constitutionnelles de la France.

Par la même occasion, l'amendement Wallon consacre le retour au bicamérisme, avec deux assemblées en concurrence : le Sénat et la Chambres des députés.

Les jours suivants, les députés confient au président de la République le droit de dissoudre la Chambre, mais seulement sur l'avis conforme du Sénat, ce qui aura pour effet de réduire ce droit à rien et d'abandonner la réalité du pouvoir aux combinaisons partisanes dans les couloirs du Palais-Bourbon.

Pour la forme, les monarchistes obtiennent que l'Assemblée nationale garde le droit de changer la forme du gouvernement et de restaurer la monarchie.

Les institutions de la IIIe République, lentement mûries par des hommes qui ont vécu sous des régimes très divers, perdureront jusqu'en 1940, soit plus longtemps qu'aucun autre régime depuis 200 ans.

Bibliographie

Il existe beaucoup de livres sur les débuts de la IIIe République. Je recommande en particulier celui de Jacques Chastenet, de l'Institut, épuisé mais encore disponible en bibliothèque : L'enfance de la Troisième 1870-1879 (Hachette, 1952).

 



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